In memoriam : Maurice Kivits

Louvain Médical, 124 : 141-142; 2005
IN MEMORIAM
Maurice Kivits (12 juin 1913 -19 octobre 2004)

Le " docteur Kivits " nous a quittés ce 19 octobre 2004, auterme d'une vie riche et exemplaire, entièrement dévouéeaux autres.

Diplômé docteur en médecine à l'UCL en 1938, ilresta toute sa vie très attaché à son universitéet à ses confrères de promotion ; il participa encore àla 60ème réunion d'anniversaire de celle-ci. C'est aussi parfidélité à l'UCL qu'il accepta en 1978 la chargede secrétaire général de la FOMULAC (Fondation de l'Universitéde Louvain en Afrique centrale) et l'assura avec une grande efficacitéjusqu'en 1996.

Chrétien convaincu, il ne cherchait ni les honneurs, ni le pouvoir,mais seulement les possibilités de mettre son expérience etson savoir-faire au service des autres et plus particulièrement despopulations déshéritées du tiers-monde.
C'est ainsi que, jeune diplômé, il partit au Bas-Congo, àune époque où l'on ne se bousculait pas pour aller affronterdes maladies qui ravageaient populations locales, missionnaires et colons,et pour lesquelles on était très peu armé. Il perdrad'ailleurs prématurément son épouse en 1952, restantseul avec 4 enfants en bas âge.

Ce drame familial entraîna son retour définitif en Belgiqueet son intégration au Ministère des Colonies comme Inspecteurgénéral adjoint de l'hygiène. Mettant à profitson expérience de terrain, il accepta également des chargesd'enseignement de l'hygiène et de la prophylaxie des maladies tropicalesà la Faculté catholique de Mons et à l'Ecole d'administrationdu Congo et Ruanda-Urundi.

Les premières années de l'indépendance de la jeune républiquecongolaise furent chaotiques et violentes. Soucieux de maintenir un maximumde services médicaux à disposition de la population, M.Kivits,alors Médecin Conseiller pour la coopération médicaleau ministère des Affaires étrangères, devint la chevilleouvrière de l'assistance médicale au Congo. En 1961, avec leprince d'Aremberg et d'autres, il crée le FOMETRO (Fonds médicaltropical); cet organisme qui regroupe des acteurs de tendances diverses etde toutes les universités, sera pendant longtemps le principal exécutantde l'aide médicale belge au Congo, au Rwanda et au Burundi.

A partir de 1968, et jusqu'à la fin de sa carrière, M.Kivitsassura les fonctions de Médecin en chef Directeur à l'Administrationgénérale de la coopération au développement (AGCD),tout en continuant à s'occuper activement du FOMETRO. Il fut un dirigeantplein de sagesse et de bon sens, apprécié de tous pour sonintégrité et son respect des personnes et des responsabilitésde celles-ci. Avec une ouverture d'esprit tout à fait remarquable,il s'adapta constamment, avec souplesse et intelligence, à l'évolutiondes relations Nord-Sud, et aux développements de la santé publiqueinternationale. Nommé chargé de cours, il enseigna cette disciplineà l'UCL à partir de 1973.

Arrivé à la pension, riche d'une énorme expérienceprofessionnelle et humaine, il mit ses talents entièrement au servicedu FOMETRO, de la FOMULAC et de la FOPERDA, où tous gardent de lui le souvenir d'un homme désintéressé, droit et généreux,travailleur infatigable et d'une remarquable efficacité. A maintesreprises, il accueillit à son domicile des jeunes cadres africains,s'occupant d'eux avec une sollicitude toute paternelle. Ils furent particulièrementédifiés par la simplicité avec laquelle il partageaitavec eux sa vie quotidienne et sa famille, et ils lui en gardent tous unetrès grande reconnaissance. Il fit une dernière mission auCongo en 1988, pour la FOPERDA.

Il était aussi très attaché aux siens et il ne renonçaque très tard à ses allers-retours dominicaux en vélo,de Bruxelles à Tubize, pour rendre visite à son fils médecin.Il aimait réunir sa famille autour d'un repas préparépar ses soins, ou entraîner ses petits-enfants à la découvertedu monde. Il laisse derrière lui 4 enfants, 13 petits-enfants et 13arrières petits-enfants, mais aussi un très grand nombre d'amisde tous âges et de toutes nationalités, que son exemple et sondévouement ont édifiés et encouragés.

Myriam Malengreau
Bruxelles, 11 novembre 2004