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- 1959-1960 (Production)
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Notice biographique
Michel Woitrin (Namur, 5 mai 1919 – Ottignies-Louvain-la-Neuve, 27 octobre 2008), professeur et Administrateur général de l'Université catholique de Louvain.
Michel Woitrin est le fils de Antoine Woitrin et de Louise Clerbaux, sixième d’une fratrie de huit : Jacques, André, Monique, Ghislaine, Christiane, Michel, Paul, Etienne. Il épouse en 1953 Claire Bibot. Leurs six enfants sont Emmanuel, Luc, Eveline, Caroline, Clarice et Jehanne.
1. Enfance et adolescence
Son enfance se déroule à Namur où son père dirige la s.a. Ant. Woitrin, entreprise moyenne d’alimentation générale en gros. Antoine Woitrin fut aussi conseiller communal et échevin (1933-1952) de la ville de Namur (sous l’étiquette du Parti catholique, puis du Parti social-chrétien à sa fondation en 1945), membre fondateur et vice-président national de la Ligue des familles nombreuses et président régional de La petite propriété terrienne. La famille est catholique. Jacques, devint prêtre et Monique, religieuse.
Michel Woitrin effectue ses études primaires (1936-1931) et secondaires à l’Institut Saint-Louis (1931‑1937). Il préside la JEC lorsqu’il est en troisième gréco-latine (4e année des humanités). Il fait partie d’une troupe scoute à Namur, puis du clan universitaire à Louvain.
2. Études universitaires et engagements au cours de la Seconde Guerre mondiale
Après les candidatures en philosophie et lettres aux Facultés Notre-Dame-de-la-Paix à Namur (1937‑1939), il poursuit ses études à l’Université catholique de Louvain.
Il est docteur en droit en juillet 1942 et licencié en sciences économiques en décembre 1944. Avocat stagiaire au barreau de Namur (sous la conduite de son futur beau-père Me Pierre Bibot) en novembre 1942.
Actif parmi l’Union des étudiants des Facultés Notre-Dame-de-la-Paix, il s’engage encore davantage dans le Cercle de droit de l’UCL dont il devient président en 1942. Il y est discrètement patriote et résistant.
Mobilisé en 1939, il se retrouve en France de mai à août 1940 sous l’uniforme belge. En janvier 1944, il s’engage dans l’Armée secrète (Zone 1, Secteur I) et, en janvier 1945, il s’enrôle dans le 1er Régiment d’autos blindées, sous les insignes duquel il participe aux forces d’occupation en Allemagne en 1945. Son officier instructeur est Yves du Monceau qui deviendra le bourgmestre d’Ottignies (future Ottignies-Louvain-la-Neuve).
3. Le tournant de l’économie
La licence en sciences économiques (octobre 1942 - décembre 1944) par laquelle il enchaîne une nouvelle formation après le droit déterminera sa carrière. Ses travaux de séminaire et son mémoire portent sur les théories macroéconomiques de J. M. Keynes (lesquelles allaient constituer l’axe intellectuel de la reconstruction économique, politique et sociale des démocraties occidentales). Léon H. Dupriez, qui dirige l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) de l’UCL l’aide à obtenir une bourse du British Council qui lui permet de poursuivre des recherches sur les théories keynésiennes au Queen’s College à Cambridge d’octobre 1946 à août 1947 sous la supervision du professeur D. H. Robertson.
En août 1947, il participe à la délégation belge présente au Congrès des Associations pour les Nations unies (WFUNA) à Marinanské-Lazné (Marienbad, Tchéquie). En novembre 1947, il entre au Service des études du ministère des Affaires économiques avec le statut de conseiller économique. L’année suivante, en septembre 1948, il intègre, dans le cadre du Plan Marshall, le Secrétariat général de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) à Paris en qualité de secrétaire, chef de la section géographique II (France, Zone française d’Allemagne, Autriche et Suisse). D’août 1949 à janvier 1950, il est chef de cabinet adjoint du ministre des Affaires économiques Jean Duvieusart et, en mai 1950, il rejoint le Collège des conseillers auprès du ministère des Affaires économiques.
4. Professeur à l’Université catholique de Louvain
Fort du soutien des professeurs Léon-H. Dupriez et Paul Rousseaux, piliers des études en économie à Louvain, Michel Woitrin entame un parcours académique à l’UCL en 1950 comme chargé de cours et directeur de recherche à l’IRES, responsable du Service mensuel de conjoncture et du "Bulletin" de l’Institut. Il est promu professeur ordinaire en 1954.
Ses enseignements concernent l’analyse macro-économique, la théorie du commerce international, les problèmes économiques contemporains, la démographie économique et la démographie sociale. Il donne quelques conférences, publie des articles et assure une série de cours à l’Université du Caire en 1958-1959 sur ces matières.
Durant l’été 1952, il participe au Harvard University International Seminar (Professeur Kissinger) en tant que "Research Fellow" de la Rockefeller Foundation. Il poursuit par un long séjour, de janvier à octobre 1953, à nouveau à Harvard et plus brièvement dans d’autres universités étatsuniennes.
À son retour, il pousse à la création de plusieurs centres de recherche. Au sein de l’IRES : le Groupe Études de productivité en 1954 (fondateur et membre du comité de direction) et le Groupe Marché commun en 1958 (fondateur et membre du comité de direction). Au sein de la Faculté de sciences économiques, sociales et politiques, il fonde et dirige le Département travail (1954) et le Département de démographie (1963).
Il est aussi le fondateur et le directeur scientifique du Centre de perfectionnement dans la direction des entreprises (1955). Le CPDE mène des recherches et organise des cycles de formation avancée pour les cadres supérieurs du privé et de la fonction publique. Il est articulé à la Fondation Industrie-Université et agit en concertation avec ses homologues de l’ULB, l’Ugent et l’ULg et le Vervolkingscentrum voor Bedrijsleiding de la section flamande de Louvain. Michel Woitrin est membre du Conseil d’administration et du comité permanent de la Fondation Industrie-Université ainsi que de l’Institut Administration-Université, tous deux créés en 1955 à l’initiative de la Société générale de Belgique et de la Fédération des Industries belges (FIB). Dès 1957, il est membre du Conseil d’administration de l’Association européenne des centres de perfectionnement à la direction des entreprises rattachées aux universités. Enfin, il est vice-président de la Fondation Travail-Université fondée en 1967.
Toutes ces fondations correspondent étroitement à une série de convictions et de principes déployés au cours de la reconstruction de l’économie après 1945, des idées auxquelles Michel Woitrin s’était familiarisé à la faveur de ses fonctions à l’OECE (mise en œuvre du Plan Marshal), au Ministère et au Cabinet de l’économie (où il entre en relation avec Gaston Deurinck chargé de la création de l’Office belge d’accroissement de la productivité – OBAP) et de ses séjours aux États-Unis. La plus grande importance était portée à la nécessité d’accroître la productivité, de s’appuyer sur des outils de planification, de professionnaliser le management et d’adopter largement une organisation à l’américaine dans les entreprises. Michel Woitrin fut celui qui a introduit et institutionnalisé ces principes, disciplines et méthodes à Louvain. Le mouvement, à l’œuvre dans plusieurs pays de l’Europe de l’Ouest, lui permit en outre d’entrer sur la scène internationale des échanges scientifiques en matière de management. Il donna de multiples cours et conférences sur les thématiques y attachées et participa aux travaux de l’European Institute for Advanced Studies in Management dont il était membre. Il fut également membre du Conseil du Centre for European Policy Studies (CEPS).
5. Secrétaire et Administrateur général de l’Université catholique de Louvain
En 1962, au moment où Mgr Van Waeyenbergh quitta ses fonctions à 70 ans après un long rectorat de 27 années marqué par les épreuves de l’Occupation et les reconstructions de l’après-guerre, l’Université de Louvain se lança dans un processus d’autonomie de deux sections linguistiques, francophone et néerlandophone, sous une coupole unitaire : l’Université catholique de Louvain (en néerlandais : Katholieke Universiteit Leuven). Les facultés se saisirent de l’occasion pour actualiser leur offre de formation et Michel Woitrin participa au groupe de travail de sa faculté (Sciences économiques, sociales et politiques) en 1963.
En mars de la même année, le Pouvoir organisateur (les évêques de Belgique) le choisit comme Secrétaire général et Administrateur général de la section d’expression française après le désistement de Guy Malengreau qui ne voulait pas souscrire à la nouvelle organisation linguistique de l’Université. En dehors des questions de gestion ordinaire (d’une ampleur limitée jusqu’aux réformes d’octobre 1966), le premier grand chantier qui l’occupa concerna la préparation de la loi d’expansion universitaire qui serait votée le 9 avril 1965, après deux années de négociations serrées entre les partis (et leurs ailes linguistiques) et les universités.
Durant ce temps, la question du devenir de la section francophone à Louvain en territoire unilingue flamand (lois linguistiques de 1962) prit de plus en plus d’ampleur au sein de l’université (chez les étudiants, les professeurs, les chercheurs), au Parlement et au Gouvernement. L’Université (unitaire) et Michel Woitrin prospectèrent à partir de 1963 des lieux en Wallonie où installer des « extensions » francophones. Ottignies fut retenue en juillet 1966 et, l’année suivante, Michel Woitrin prépara l’implantation en s’entourant d’une première équipe et en faisant une tournée des sites universitaires nouveaux en Europe et aux États-Unis. Fin 1967, la situation se tendit à nouveau et aboutit à un ultimatum de la section flamande. Le Gouvernement de Paul Vanden Boeynants fut poussé à la démission le 7 février. Dans sa déclaration gouvernementale aux Chambres le 25 juin, le nouveau Premier ministre Gaston Eyskens annonça la scission en deux universités unilingues et le transfert francophone.
La constitution légale de l’Université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven eut lieu le 1er juillet 1970. Michel Woitrin (porté à cette date à la fonction d’administrateur général de la nouvelle structure UCL), eut un rôle essentiel dans le transfert de l’université à Ottignies (Ottignies-Louvain-la-Neuve depuis 1976) et à Woluwe-Saint-Lambert : coordination des équipes chargées de créer les deux sites, mobilisation de la communauté universitaire et de l’opinion publique, négociations aux côtés des présidents successifs du Conseil d’administration successifs, André Oleffe puis Jean Godeaux, pour garantir des financements nécessaires.
La décennie du transfert révéla tous les talents de Michel Woitrin de grand communiquant. Bon client des médias, il donna de très nombreuses conférences, en Belgique et à l’étranger, et participa à autant de rencontres et de colloques internationaux jusqu’à la fin des années 1990.
Le transfert s’acheva à l’automne 1979. Le contexte économique, politique et social était sombre après le deuxième choc pétrolier. Toutes les universités furent en difficulté financière. Pour éviter la mise sous tutelle, l’UCL conçut un « Plan de sept ans » (1981) qui brida son développement et freina les initiatives de l’administrateur général jusqu’au terme de sa carrière académique. Le 1er octobre 1984, Michel Woitrin devint émérite et Administrateur général honoraire.
L’UCL lui confia alors diverses missions de représentation, dans des conseils d’administration comme ceux de la Fondation Hoover, du Théâtre Jean Vilar (Louvain-la-Neuve) et de la startup médicale Acade (Academic development s.a.), dans des rencontres internationales et des événements tels que l’exposition universelle de Tsukuba et le symposium de Kyoto en 1985. Il mena également quelques missions exploratoires pour les recteurs Pierre Macq (1986-1995) et Marcel Crochet (1995-2004).
Durant une dizaine d’années, il se retrouva aussi dans le conseil d’administration de sociétés : Société générale de Banque, Eternit, Sait Electronics, Otis, GB‑Inno‑BM, Électronique et Télécommunications Bell
6. Une expertise et une stature internationale en matière de management des universités
Les défis de l’expansion universitaire, la gestion de la crise politique que Louvain avait traversée et l’épopée du transfert amenèrent Michel Woitrin à un haut degré d’expertise en matière de management des universités. Il fut un membre actif du Groupe international informel des Secrétaires généraux jusqu’à son éméritat, puis ayant consacré les premiers mois de sa transition post-académique à une tournée d’étude aux États-Unis sur cette question (automne-hiver 1984-1985), il redoubla d’activité au sein de l’European Centre for Strategic Management of Universities (ESMU) dont il était administrateur fondateur. Il présida également le Conseil de direction du "Program of audit of the management of european Universities" (AUDIT), au sein de l’European Institute for Advanced Studies in Managment.
Durant une quinzaine d’années, il enchaîna de très nombreuses missions de consultance sur l’évaluation des politiques dans différentes universités, tantôt à titre individuel en Amérique latine, et tantôt avec des mandats de ESMU et de AUDIT où la perspective de l’Acte européen unique de Maastricht et surtout la libéralisation des anciens pays de l’Est multipliaient les besoins et les chantiers.
7. Homme de culture
Au moment de son éméritat (1984), Michel Woitrin demanda que l’hommage académique qu’on lui rendrait donne l’impulsion à la création d’une fondation culturelle tournée vers l’animation des deux sites de l’Université (Louvain-la-Neuve et Woluwe). La Fondation Michel Woitrin ainsi créée vint en soutien de manifestations (concerts, conférences, expositions, projets étudiants, etc.) et porta des projets tels que l’installation d’un carillon à la Grand-Place de Louvain-la-Neuve et la création d’une douzaine de sculptures et de fresques.
Toujours attentif au développement de Louvain-la-Neuve, Michel Woitrin et la Fondation suivirent de près le projet de création d’un musée au bord du lac (Projet Kurokawa, 1990-1997) et les plans d’aménagement de la zone « Lac-Grand-Place » qui débouchèrent sur l’édification du complexe de cinémas et l’Aula Magna (années 1990).
Indépendamment de la sphère louvaniste, Michel Woitrin s’investit aussi, tout au long de son existence, dans le conseil d’administration d’une quinzaine d’associations et de structures culturelles en Belgique. Dans les années 1990, il s’engagea activement dans la mise en valeur du site du Grognon à Namur. Il lança le groupe de réflexion et de proposition « Confluent » et fit partie du jury du concours international d’architecture pour la construction du Parlement wallon à cet endroit.
Il s’adonna à la création littéraire dès ses années universitaires. Il publia "Louvain-la-Neuve, Louvain-en-Woluwe. Le grand dessein" (Duculot, 1987) et "Hauts lieux" (Academia, 1998). Le théâtre l’intéressait particulièrement. Il suivit le Festival d’Avignon durant des décennies et mit toute son influence au service de la création du Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve.
À l’étranger, il fut élu membre correspondant de l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix-en-Provence (1987) et membre associé de l’Académie d’Athènes (1996).
8. Citoyen et habitant engagé à Ottignies-la-Louvain-la-Neuve
Michel Woitrin fit partie de la très militante Association des Habitants de Louvain-la-Neuve à partir de sa création sous une première forme en 1971 (avant même de s’établir sur le site en 1975).
Il adhéra au Parti social-chrétien (PSC) dès sa fondation en 1945. Il s’engagea sur la liste des Intérêts communaux (de l’ancien bourgmestre Yves du Monceau, PSC) aux élections communales de 1994, puis celle du CDH en 2000, et devint conseil communal d’Ottignies-Louvain-la-Neuve durant deux exercices (1995-2000, 2001-2006)
9. Distinctions
Michel Woitrin fut anobli avec le titre de Baron en 1982. Parmi d’autres distinctions et prix, on notera :
Officier de l’Ordre de Léopold (1961)
Médaille de volontaire de guerre et médaille de combattant 1940-1945
Médaille civique de première classe
Commandeur et Grand officier de l’ordre de saint Sylvestre (1977, 1984)
Commandeur et Grand officier de l’Ordre de la Couronne (1971, 1994)
Grand officier de l’Ordre de Léopold II (1992)
Officier dans l’Ordre des Palmes académiques (1979)
Prix Europa Humanisme (1982) (Fondation internationale pour le rayonnement des arts et des lettres. Genève)
Chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulchre de Jérusalem (1994)
Chevalier de la Real Hermandad de Nostra Senora de Yllescas (1990)
Institution de conservation
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Portée et contenu
Évaluation, extraction, élimination et calendrier de conservation
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Mode de classement
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