Une éducation chrétienne
Georges Lemaître puise sa foi au sein de sa famille. Dès son plus jeune âge, il baigne dans une atmosphère de profond respect des traditions chrétiennes.
« Mes parents et mes grands-parents étaient des gens sincèrement religieux. Certes jusqu’alors, notre famille n’avait produit ni scientifique ni ecclésiastique, mais elle était par toute son histoire en attente d’un prêtre. »
Il y apprend notamment à apporter attention à autrui, à l’image de son père, Joseph Lemaître, qui veille en priorité au dédommagement de ses ouvriers lorsqu’un incendie détruit la verrerie familiale. Toute sa vie, il fera preuve d’une grande tolérance vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas ses croyances. Citons, pour l’exemple, deux anecdotes.
La première se déroule lorsque Odette, sa nièce, désire se marier civilement par respect des convictions de son futur époux. La famille s’offusque, mais Lemaître, pressenti de donner son avis, répond à son frère, père de la fiancée, qu’elle doit pouvoir épouser l’homme qu’elle aime, c’est une question de conscience personnelle.
Le second épisode se situe durant l’occupation de la Belgique au cours de la Seconde Guerre mondiale. En novembre 1941, l’Université libre de Bruxelles, fondée sur le principe du libre examen, est contrainte de fermer ses portes et Louvain recueille ses étudiants. Georges Lemaître est parmi les premiers à demander au recteur de l’Université catholique de Louvain, Mgr Van Waeyenberg, de suspendre l’obligation faite aux étudiants qui voulaient s’inscrire à Louvain, de jurer fidélité à l’Église catholique et de dispenser des cours de religion les étudiants venus de l’Université de Bruxelles. Qu’un chanoine fasse une telle demande atteste de sa grande tolérance et de son ouverture d’esprit. Aux États-Unis, cette disposition va s’avérer primordiale lorsqu’il sera au contact du milieu protestant et des cosmologues hostiles à Rome.
Georges Lemaître est particulièrement proche de sa mère, Marguerite Lannoy. C’est avec elle qu’il part en villégiature en Italie et en Suisse, et auprès d’elle qu’il s’installe, à Bruxelles, en 1942, après le décès de son père. Lorsqu’elle ne peut plus se déplacer, il obtient le droit de dire la messe dans sa chambre. La foi et les valeurs chrétiennes qui l’habitent doivent beaucoup au lien profond qui les unit.