De Cock, Martine
IN MEMORIAM
in AMA-UCL nº 25 - juin 2002
Agée de 47 ans, le Pr Martine De Kock, cardiologue, est décédée le dimanche 14 octobre dernier. A l'occasion de ses funérailles et de la fête de la Saint-Luc, le Pr Jacques Melin, coordonnateur général-directeur médical lui a rendu un hommage appuyé.
Martine laisse un grand vide. Elle occupait incontestablement du temps et de l'espace. Aujourd'hui, ce vide est une réalité parsemée d'étoiles et de lumières qui brillent comme autant de repères. Elle fut un exemple. Et un bon exemple ne vaut-il pas mieux que toutes les théories du monde ?
Dans sa vie professionnelle, le patient a toujours été au centre de ses agissements : le patient dans sa globalité, avec sa souffrance physique et morale mais aussi dans sa dimension sociale avec ses liens familiaux et professionnels. Afin d'en prendre soin, de les aimer, Martine s'était dotée de plusieurs moteurs : de la compétence d'abord.
Après sa spécialisation en Médecine Interne - Cardiologie terminée en 1985, elle a mené des travaux de recherche clinique sur l'épreuve d'effort et la décompensation cardiaque pendant trois ans. L'expertise en recherche acquise, Martine va l'optimaliser par son contact quotidien avec les malades.
Dynamique et enthousiaste, elle avait la flamme nécessaire pour soigner les patients qui, pour la plupart, étaient atteints de longue maladie comme les décompensés cardiaques.
Elle faisait également preuve de clarté et de franchise: Martine ne pratiquait pas la langue de bois. Elle faisait passer ses messages de manière forte : c'est le propre de la passion. En face du malade, de son équipe soignante, de ses collègues, elle communiquait sans tourner autour du pot.
Autre moteur qui l'anima tout au long de sa carrière : le sens des responsabilités : pour faire avancer les soins au malade, pour soutenir son investissement personnel, Martine se tournait vers l'institution, " ses" Cliniques Saint-Luc, pour les secouer, les stimuler à aller plus haut et plus loin.
Depuis 1990, Martine s'était impliquée au Conseil Médical. Elle était très attentive aux membres du personnel, médical et paramédical et au fonctionnement harmonieux des structures. Elle inspirait de nombreuses idées originales aux responsables qu'elle motivait. Le dernier moteur qui n'a cessé de la pousser et de la soutenir: son amour de la communication. Elle aimait communiquer sa compétence et sa passion aux jeunes étudiants en médecine et aux jeunes médecins. Pendant de nombreuses années, les stagiaires et assistant sont bénéficié de ses conseils pratiques, de sa grande expérience clinique et de son message, lequel rappelait sans cesse de prendre le patient dans toutes ses dimensions humaines.
Depuis 1997, les étudiants de doctorat ont pu goûter à son enseignement " des cliniques intégrées " réunissant autour du patient plusieurs spécialistes et le médecin traitant. Martine excellait dans cet exercice pédagogique d'interaction professionnelle pour le plus grand bénéfice du patient. Pour tout cela, Martine a été nommée chargé de cours clinique à l'UCL en 1998.
Tous ces moteurs l'ont poussée jusqu'au bout à y croire, à croire, à se donner encore et toujours aux malades. Deux implications majeures en témoignent : dans le projet thérapeutique pour les patients, Martine a montré, par son expérience, toutes les facettes de son attachement à la vie, à la qualité de vie, au soutien du souffrant. Dans ce projet, elle a montré son sens du dialogue inter-métiers.
Martine a également participé à la création du Fonds Spécial Universitaire dont la motivation est d'aider les patients en difficulté financière ou sociale pour des actes médicaux de type universitaire. Dans toutes les discussions préparatoires à la création de ce fonds, Martine a denouveau montré sagesse et connaissance profonde du patient.
Martine, tu laisses tes étoiles de compétence, dynamisme, clarté, sens de responsabilité, au service des patients. Merci de nous avoir donné ces repères. Tu riras bien de voir si nous parvenons à en sortir.
A Yves, Julie, Thomas, Nathan, aux parents de Martine, à sa famille, je voudrais dire au nom des Cliniques Universitaires Saint-Luc et de l'Université Catholique de Louvain, que nous sommes très proches de vous en ce moment mais aussi pour le reste du chemin que nous avons encore à parcourir. Martine, tu les aimais, tu continueras à les aimer, ta famille, tes patients et ton équipe soignante et aimante.
Jacques Melin